personnalité ❧
plus fausse que moi, tu meurs. rares sont ceux qui ont réussi à percer ma carapace... Nan j'déconne. personne n'a réussi. la vie est un théâtre uù je suis actrice, scénariste et réalisatrice. je m'appelle Theodora, tout le monde m'appelle Teddy, mais tu m'appeler Satan. il y environ cent soixante-dix-sept pour cent de chances que j'aille en enfer. je suis sadique et nymphomane. Je suis, parait-il, sociopathe. J'ai la sensibilité d'un miroir brisé. J'ai très peu de vrais amis, du fait que j'ai plus de défauts que de qualités.

« Tout d’abord, si je suis là, sachez que c’est parce qu’on m’y a obligé. On m’a forcé à venir vous voir, alors que j’en absolument pas besoin. Je crois pas aller assez mal dans ma tête pour nécessiter l’aide d’un psy. J’irais même jusqu’à dire que je trouve que votre job est inutile. Pas vous ? Je me demande pourquoi vous avez choisi ce métier. C’est vraiment de l’arnaque, toutes ces années d’études pour finir par poser son cul sur un canapé et être le confident de gens bizarres... C’est du vol vous savez, de faire payer des gens pour ça. Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir ce métier, hein ? Dites-moi tout... »
« On n’est pas forcément fou lorsqu’on va voir un psy. Et nous ne sommes pas là pour parler de moi Miss Presley. Mais de vous. En ce qui concerne mon métier on en parlera plus tard mais pour l’instant... »
« Oh c’est bon. Épargnez-moi votre baratin universitaire. J’ai lu le mode d’emploi. Alors il faut que je vous raconte ma vie pendant trois quarts d’heure, en long, en large et en travers, depuis mon état de projet jusqu’à maintenant, en passant mon état de spermatozoïde et d’usine à morve et à vomi. »
« Mademoiselle, s’il vous plait, laissez-moi par... »
« La ferme, je commence... Alors, je m’appelle Janis – comme Janis Joplin, chanteuse préférée de ma mère – Sunny-Belle Theodora Presley. Mais tout le monde m’appelle Théo ou Teddy. Au passage, si vous trouvez un diminutif plus féminin à mon prénom je suis preneuse. Alors, où en étais-je ? Ah oui. Donc tout a commencé à un concert du groupe Nirvana, où mon père a rencontré ma mère. Elle devait avoir vingt ou vingt-et-un ans à l’époque, mon père en avait vingt-quatre. Ils étaient tous les deux au premier rang, juste en face de la scène. Ma mère m’a dit que c’était le plus beau moment de sa vie mais perso moi je trouve qu’il y a plus romantique comme rencontre que de recevoir la sueur et les postillons de rockeurs en pleine gueule pendant qu’on hurle à s’en abîmer le diaphragme combien on les adore. Et soit dit en passant, j’adore Kurt Cobain et les concerts de rock. Et en en parlant, plutôt que de faire sa groupie et s’intéresser aux avances du chanteur, ma mère a préféré se tourner vers mon père. C’est là que je me dis qu’elle ne devait pas être très fut-fut pour avoir choisi mon père à une légende vivante du rock, même s’il est mort quelques années plus tard. Et puis ils sont sortis ensemble, ils avaient tellement en commun. Entre eux c’était l’amour fou. Le genre d’amour dont les idiots de couples vous aspergent dans la rue, l’amour qui te dégouline dessus sur les bancs publics ou aux arrêts de bus. Et comme on le sait, l’amour ça produit des fluides étranges dans lesquels il y a des organismes tout aussi étranges qui donnent naissance à des êtres encore plus étranges ; les Hommes. Je tiens à ajouter que pendant sa grossesse, ma mère écoutait en permanence du hard rock et du metal. Alors je vous propose deux hypothèses à ma pseudo anormalité mentale : 1 – je l’ai hérité de ma charmante mère, 2 – les paroles haineuses et les voix rauques et métalleuses de ces êtres mi-hommes mi-démons ont agi sur mes neurones. Enfin bref, deux ans et un mois après la première rencontre de mes parents qui n’étaient toujours pas mariés, je suis née, le treize juillet mille neuf cent quatre-vingt-dix à quinze heures vingt-trois. Un peu en dessous du poids moyen et ne pleurant pas à la tape du médecin mais bon, je suis née quand même. Je n’ai pas eu une enfance compliquée, j’étais totalement normale. C’était mes parents qui étaient malades. Mon père était peintre, il avait beaucoup de talent, mais bon, vu son addiction pour les drogues en tout genre, sa carrière était finie avant même d’avoir commencé. Je le lui ai toujours dit. Ma mère, son truc à elle c’était l’alcool, la cigarette et les bangs. Vous voyez pourquoi je dis qu’ils étaient faits l’un pour l’autre. Il fallait les voir se droguer ensemble, l’alchimie qu’il y avait entre eux... Vous m’avez comprise. Mon seul problème à moi – qui, soit dit en passant n’en est pas vraiment un – c’est que j’étais totalement insensible et indifférente au monde. Et puis aussi j’aimais faire du mal. A tout le monde, dès que je pouvais. Nuire aux autres, plus verbalement que physiquement. J’étais pas marginale, mais tous ceux qui avaient eu affaire à moi avaient peur de moi. Le reste n’y croyait pas. Pourquoi ? Parce que je n’avais pas l’air d’être mauvaise. Au contraire ! Vous m’auriez vu, vous auriez dit que je suis un ange. Mais bon, chacun voit ce qu’il veut en l’homme. Si je suis vraiment malade, c’est que je le suis depuis le ventre de ma mère. Je suis la même qu’il y a quinze ans, je n’ai pas changé. J’ai juste un plus grand tableau de chasse. Même si j’ai commencé très jeune. Mon instituteur de CE était charmant, j’étais la plus jeune et il m’appréciait beaucoup. Alors je me suis débrouillée pour qu’il m’aime et je me suis mise toutes les filles de la classe à dos. Je l’avais toujours de mon côté, un vrai bonheur. Il avait dit qu’on se marierait ensemble un jour, je me demande où il est aujourd’hui... Et il y en avait un autre, en troisième. Je devais avoir quatorze ans environ. Comme il me plaisait, j’ai décidé que ce serait avec lui que je perdrais ma virginité. Alors après l’avoir séduit, je me suis enfermée avec lui dans une classe après les cours et on l’a fait sur son bureau. Ce jour-là, le ciel avait des teintes rouges et orangées, on aurait dit les Enfers. C’était très romantique. Lui aussi avait promis de m’épouser, mais non ... Par contre, y’en a un qui ne m’a pas menti, c’était ce quadragénaire fortuné qui a quitté sa femme pour moi. Attendez que je vous raconte notre rencontre, vous allez rire. Je sortais d’un club et j’ai vu une jolie escort-girl qui parlait au téléphone d’une affaire juteuse et d’un homme riche. Elle ne devait pas être première de sa classe elle, pour parler d’une histoire comme ça en pleine rue, et donner le montant et l’adresse du client. On comprend pourquoi elle est devenue pute. Bref, je n’allais pas laisser passer une telle occasion. Alors je l’ai giflé assez fort pour qu’elle perde conscience et lui ai pris tout ce qui pouvait me servir : téléphone, sac à main, carte d’identité ... Et bien sûr sa tenue. Rassurez-vous, je ne l’ai pas laissé nue sur le trottoir. Je l’ai traîné dans une petite ruelle sombre et déserte avec mes vêtements pour qu’elle s’habille quand elle se réveillera. Et c’était de la haute couture en plus, volés certes, mais haute couture quand même . Peu de gens auraient eu ma bonté. Donc je me suis rendue dans un immense building de Manhattan pour rencontrer ce millionnaire. Au fait, je ne sais pas si je vous l’ai dit mais j’étais mineure. Dix-sept ans et quelques mois. Alors le séduisant monsieur m’accueilli les bras ouverts et j’ai été payée à rien faire. Grâce à mon talent de comédienne. Et au fil des semaines il s’attachait de plus en plus à moi. Au point de jeter sa femme avec qui il était depuis dix ans – en même temps je l’ai un peu (beaucoup) aidé – pour aller se marier avec moi à Vegas. J’ai donc abandonné mes parents dont je suis sans nouvelles depuis quatre ans maintenant pour aller me marier avec un inconnu. Inconnu qui soit dit en passant m’a donné une énorme part de sa fortune, sans compter celle que j’ai gagnée au divorce. Et malgré ça on est toujours en bons termes. Je suis forte, hein ? Enfin bref. Après mes dix-huit ans je suis devenue encore plus insensible, menteuse, mauvaise, sadique, nymphomane et manipulatrice que je l’étais avant. Les hommes adorent ça. Les femmes aussi d’ailleurs. Et puis finalement, je me suis rangée et j’ai décidé de prendre des cours à l’université pour devenir quelqu’un de bien... ...Nan j’déconne. Je veux rencontrer plus de monde, et avoir quelque chose à faire de mes matinées en attendant la nuit. L’école c’est un peu comme un job de vacances pour moi. Et puis j’ai peut-être des chances d’y rencontrer quelqu’un qui n’aurait pas besoin de faire six ans d’études à la fac pour me cerner. Pour résumer, ça c’est mon histoire. Mais assez parler de moi, occupons-nous de vous maintenant... »

Féline et dangereuse, elle s’approcha du médecin qui avait tout à coup plus l’air du patient, et se mit à califourchon sur lui, l’embrassant à pleine bouche avant de commencer à déboutonner sa chemise,

« Mais qu’est-ce que vous faites ? S’il vous plait... »

Ayant déjà perçu à quel stade il en était. Pour des gars comme lui, la folie d’une aussi belle femme se révélait être excitante. Elle le regarda droit dans les yeux et lui sourit. L’homme dont elle ne connaissait même pas le nom venait d’accepter ses avances et se laissa faire pendant que la belle l’embrassa passionnément. Il y avait dans le regard de cet homme de l’approbation et le désir ardent de la jeune femme se lisait sur ses lèvres tremblantes. La belle lui prit la main et jeta sa bague quelque part, peut-être était passée par la fenêtre, mais on s’en fout.

« Du calme, détendez-vous. Je m’occupe de tout. »

Theodora descendit ses baisers, jusqu’à la ceinture du psychiatre. Elle lui ouvrit la braguette et un large sourire se dessina sur son visage. Le reste est déconseillé au moins de 15 ans, bien qu’elle, ait commencé avant.